Chloé, en vente au profit de la ligue contre le cancer, dans mon exposition à la galerie Ferrero

Chloé ou La fleur de l’âge

2009, huile sur contre-plaqué, 180 x 100 cm.

Une adolescente, souriante et joviale, danse de manière enfantine, genoux joints et
mains levés. L’œuvre est centrée sur son personnage. Le fond demeure neutre. Seul élé-
ment décoratif, un carrelage en damier noir et blanc. A l’inverse, la jeune fille porte une
somptueuse robe fleurie, en satin probablement et des bijoux étincelants. Le motif floral
est repris par le chouchou de ses cheveux et le nénuphar qu’elle tient dans sa main
gauche. Cette jeune fille se prénomme Chloé, ce qui signifie la verdoyante ou encore
la nymphe en grec (et qui fera ‘nymphéa’). Ses spartiates renvoient également à ses ori-
gines grecques. Cependant le thème du nénuphar rappelle davantage L’Ecume des
Jours de Boris Vians, roman déroutant racontant le destin tragique de Colin tombé amou-
reux de la belle Chloé victime d’un nénuphar qui envahit ses poumons. En apparence
si vive et si heureuse, elle se meurt. L’inhalation de fleurs et l’interdiction de boire de l’eau
ne par viendront pas à la guérir. Après avoir réalisé un portrait saisissant de Chantal Sé-
bire atteinte d’une tumeur rare ou d’un jeune garçon en chaise roulante (Le Petit Prince,
2008), Louis Dollé évoque ici le cancer. L’artiste insiste sur le fait que les profits de cette
œuvre iront pour la lutte contre cette maladie. Au-delà du thème de la maladie et de la
mort, cette œuvre aborde aussi celui de l’amour et de la musique. On se plaît à ima-
giner que cette jeune fille danse sur l’air de Duke Ellington du même nom. Si son attitude,
sa couette, sa tenue et ses bijoux relèvent de la superficialité, la vue en contre-plongée
en revanche insiste sur son courage face à l’adversité. Face à la texture des fleurs et des
bijoux, l’œuvre se crée par une succession de couches colorées peintes en glacis confé-
rant au personnage un caractère évanescent. Notons pour finir que la perspective du
carrelage en damier, symbole du destin, a été modifié pour conduire tout droit à son
pubis comme pour dire que si chaque fleur est un sexe, toute fleur se fane.

Rebecca François