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louis dolle ymagier
4 novembre 2008

face cachée de l'art par Sophie Taam

Sophie Taam écrit et pose des questions, elle m'envoie ceci pour le diffuser, voici!
si commentaires vous laissez, je me charge de lui transmettre!
collage
""La face cachée de l’art "
Politique sans électeur


Dans la lignée de plus de deux décennies d’art officiel français,  excluant les artistes de toute
instance décisionnaire, le gouvernement a fait ses réformes dans le copieux mépris  des artistes et
associations d’artistes indépendantes . 
Les institutionnels culturels, en revanche, ont eu droit à plus de respect et d’écoute
gouvernemental. Cette dichotomie de traitement est,  hélas,  significative  des  rapports de force
politiques entre les artistes, pourtant les vrais moteurs  de toute « l’industrie culturelle » française
et les institutionnels, qui tiennent véritablement  les rênes du pouvoir.   

Examinons avec curiosité et plus en détail le fondement de ce pouvoir politique. 

Et prenons comme support d’étude  un article révélateur   paru dans Le Monde daté du 09 août
2007  qui s’intitule « Les centres d’art doivent ensemble devenir une force politique. » Entretien
de Monsieur Eric Mangion , vice-président de l’association « Développement des centres d’art » et
directeur du centre d’art de la Villa Arson à Nice. 

Le pouvoir des institutionnels est en premier lieu  un pouvoir médiatique : soutien inconditionnel
à l’art officiel,  mépris quasi-systématique de l’art de la face cachée ( d’abord médiatiquement
caché)  de la part des principaux journaux ,   magazines et chaînes de télévision.  Et si, en 96-97,
lors d’une première remise en question du système institutionnel de l’art, les principaux journaux
avaient participé au débat -  qui avait abouti en bataille réductrice gauche/droite-   on est frappé
par l’extrême conformisme et couardise des médias non spécialisés  dans le débat sur  l’art
contemporain depuis 2007. 
La pétition « L’art c’est la vie » est parue dans l’Humanité du 5 mai 2007 ; Le Patriote, avec une
position à cet égard très originale dans le paysage médiatique français, soutient  les artistes non-
officiels régionaux et leur laisse un espace privilégié d’expression. Quant au reste des médias
français… silence radio. 
Or, un contre-pouvoir médiatique est né : internet. La résistance et la lutte souterraines contre le 
système institutionnel artistique  s’appuient largement sur cet outil puissant . Les artistes peuvent
débattre, s’unir, montrer leurs œuvres,  préparer des actions collectives , diffuser des textes
censurés par les médias.
Reste que la couverture médiatique donne encore et toujours cette image faussée de l’art officiel
comme art unique existant en France, image que les institutionnels renforcent délibérément à
chaque apparition médiatique. 

Retour à l’article « Les centres d’art doivent ensemble devenir une force politique ». 
Monsieur Mangion, en bon politicien, ( prenons-le comme cas d’école mais représentatif du
Système), sait que la division est l’ennemie de la force politique. D’où renforcement de
l’association « Développement des centres d’art » ;  d’où,  sur la région de la Côte d’Azur, 
création d’un réseau constitué d’associations, galeries, et centres d’art triés sur le volet, intitulé
Botox(s). Tout parti politique rêverait d’une telle unité de façade ;  c’est tout simplement parce
que, dans le milieu de l’art contemporain, règnent l’intimidation intellectuelle et la peur. Et, dans
le contexte actuel , avec tous ces va-nu pieds de l’art qui réclament leur part de gâteau, l’unité,
forcément, est exacerbée. On l’a reconnue, cette stratégie ! C’est celle de Bush après les attentats
du 11 septembre : tous unis contre les méchants ! Et surtout fermez-la !
Oui, sauf que l’art s’épanouit décidément bien mal au sein de ce noyautage qui n’avoue pas son
nom. A Nice, le noyautage , historiquement, a toujours été caricatural, jusqu’à la destruction pure
et simple aux bulldozers du centre artistique autonome des Diables Bleus en 2004. 

Monsieur Mangion, en bon politicien, maîtrise la langue de bois à la perfection. Pour témoin le
dernier paragraphe de son entretien : «  il faut défendre la diversité : l’art ne doit pas se réduire à
quelques noms, mais demeurer une activité extrêmement diversifiée ». Certes, sachant que les
centres d’art, en fidèles représentants de l’art officiel , n’exposent que 2% - 10%( ?), bref une
infime minorité d’artistes…  Et , encore mieux , «  moi qui dirige une grosse structure, je n’ai pas
envie de récupérer l’argent au profit des plus petites. » Peut-on suggérer qu’il aille un peu plus
loin dans son raisonnement et qu’il « partage » effectivement  l’argent avec les associations
d’artistes indépendantes,  nombreuses sur la région , comme no-made, Sept Off, Le Hublot   etc.
qui font de grandes choses avec … rien ? 

Monsieur Mangion, en bon politicien , manie avec dextérité le bâton et la carotte. Le bâton, c’est
la menace d’exclusion de ce système bien noyauté . La carotte, l’illusion d’y être un jour  intégré  .
Mais là aussi, si le système s’effrite inéluctablement, c’est parce que  cette stratégie ne marche plus:
depuis vingt ans que 90% des artistes  sont exclus, ils ont fini par accepter leur exclusion  et la
transformer en force. Depuis vingt ans que le système sous-entend des promesses de
reconnaissance…à terme, les artistes  ont bien fini par reconnaître ce type de promesse :  la
promesse électorale la plus mensongère, celle qui ne se réalisera jamais.   

Monsieur Mangion s’est concocté un poste en or . Aucun compte à rendre aux politiques, les
vrais , qui,  pour la  plupart , ne comprennent rien à l’art contemporain ( hermétisme  et élitisme
sciemment entretenus par les institutionnels)  et, donc,  lui foutent la paix, du moment qu’il ne
demande pas plus d’argent ; ce qu’en politicien habile , il ne fait pas :   « si l’Etat doit se
désengager sur certains points, pourquoi pas ? mais à condition que les collectivités territoriales
prennent le relais.»
Il ne doit pas non plus rendre de compte aux artistes, officiels ou non-officiels, également sans
pouvoir face aux institutions.  Ni aux citoyens, qui n’ont pas leur mot à dire  sur la politique
culturelle de la région. 

Alors,  le voici, le hiatus : Monsieur Mangion est un bon politicien sans électeur. Comment ça
s’appelle, déjà, une politique sans électeur ? 


Sophie Taam

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louis dolle ymagier
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